A l’invitation de Médiacités, nous avons pris la température de l’agglomération nantaise, en observant les données satellites Landsat de l’été 2023. Résultat : les centres commerciaux et les zones industrielles demeurent les radiateurs de nos étés. Une analyse des données satellitaires sur plusieurs années réserve aussi une surprise : en démémageant à Rezé, le MIN de Nantes a emporté dans ses bagages son îlot de chaleur, faisant retomber le thermomètre sur l’actuel chantier du CHU.
Nous avons estimé les températures de surface sur l’ensemble de l’agglomération dans la matinée ensoleillée du 22 août 2023. La carte interactive que Médiacités a réalisée permet de comparer dans le détail ces deux journées.
Bien sûr, il est risqué de faire un parallèle strict entre ces deux images, les conditions météo n’étant pas identiques. Une étendue de pelouse peut paraître plus chaude si elle s’est asséchée. Le béton accumule la chaleur des jours précédents.
D’autre part, les températures relevées depuis l’espace par les satellites Landsat ne correspondent pas aux températures de l’air relevées par les thermomètres de nos stations météo. Il s’agit des radiations émises par les matériaux visibles depuis l’espace : une route, une toiture, la cime des arbres. Mais comme un radiateur, elles conditionnent fortement la chaleur que nous ressentons en nous promenant en ville, heureusement modérée par les courants d’air frais et les ombrages localisés.
Dans les zones urbaines, les écarts de températures entre les quartiers observés depuis l’espace restent toutefois très instructifs. Des écarts considérables (plus de 8 degrés à moins de 100 mètres de distance, entre la gare et le jardin des plantes), qui justifient à eux seuls l’importance des espaces verts pour les populations les plus fragiles en période de canicule.
Le plus frappant, c’est ce qui ne change pas : ces vastes zones industrielles et commerciales anormalement chaudes : le secteur de l’aéroport à Bouguenais, le long de la route de Paris à Carquefou, dans la zone d’Atlantis à Saint-Herblain. Chaque centre commercial de la métropole apparaît dans un rouge vif assez paradoxal. Car ce sont aussi des refuges de fraîcheur en période de canicule : frais à l’intérieur, brûlant sur leur toiture métalliques, bardées de climatiseurs tournant à plein régime. Un trompe-l’œil, en quelque sorte, qui nous rafraîchit au prix d’une lourde facture énergétique, en faisant grimper la température de l’air de ses environs immédiats.
Plus surprenant : les installations sportives nantaises ne sont pas épargnées par les coups de chaleur. C’est le cas du complexe de Mangin et du palais des sports de Beaulieu. Celui-ci avait pourtant subi, entre 2016 et 2021, des grands travaux qui ont probablement amélioré le confort thermique à l’intérieur, sans vraiment changer, vu de l’extérieur, son rôle de radiateur.