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Emissions polluantes dans le bassin de Saint-Nazaire

Une carte réalisée pour Splann ! Lanceur d’enquêtes, qui illustre un dossier sur le coût humain des pollutions industrielles dans l’agglomération nazairienne.

A Saint-Nazaire, « ce n’est pas la pollution industrielle qui cause le cancer. C’est le tabac et l’alcool », avait lâché un sous-préfet en 2019. On connaissait déjà cette recette qui consiste à rejeter la faute sur les victimes pour détourner les regards des problèmes de santé publique. On en découvre une nouvelle, grâce aux révélations de Samy Archimède, publiées aujourd’hui par Splann ! Lanceur d’enquêtes : dissimuler un rapport aux conclusions trop alarmantes. Et devinez qui on retrouve dans le rôle principal ? TotalEnergies, bien sûr.

Suite à une fuite de carburant survenue fin 2022 dans sa raffinerie de Donges, le pétrolier a enterré une étude prouvant l’exposition des riverains à des taux de benzène importants. Cette étude avait été réalisée par l’Ineris – Institut national de l’environnement industriel et des risques à la demande de la préfecture, qui s’est également bien gardée d’en faire écho. C’est Splann qui la rend publique aujourd’hui.
L’économie locale repose en bonne partie sur le pétrole et la construction navale. Ceux qui y vivent en sont les premiers bénéficiaires. Mais il y a un prix à payer : à Donges, Montoir, Trignac ou Saint-Nazaire, on meurt plus tôt qu’ailleurs, comme le montrent les études sanitaires. Samy Archimède et Itzel Marie Diaz ont recueilli les témoignages de salariés exposés aux fumées de soudage ou aux vapeurs d’hydrocarbures.

J’ai cartographié l’ensemble des établissements potentiellement émetteurs de polluants, dont seuls les plus importants sont tenus de déclarer les émissions.

En compilant les déclarations transmises par Total aux services de l’Etat, on apprend notamment que la raffinerie de Donges émet chaque année jusqu’à 1 800 tonnes de COV, 33 tonnes de benzène, 115 tonnes d’acide cyanhydrique, 3 tonnes de vanadium, 36 kg d’arsenic, 30 kg de mercure dans l’air et produit jusqu’à 18 590 tonnes de déchets dangereux…


J’en profite pour rappeler que Splann a choisi le modèle économique le plus pertinent qui soit quand on veut produire des enquêtes journalistiques d’utilité publique, en toute indépendance, en laissant le temps aux journalistes de travailler sérieusement et en leur permettant de vivre de leur métier, et surtout en laissant l’ensemble des articles accessibles gratuitement.